Aide familial.e., aide-ménager.ère social.e, infirmier.e , aide soignant.e,… autant de métiers dont la société ne peut se passer et qui pourtant, manquent de reconnaissance et de main-d’œuvre. Face aux besoins qui ne cessent de croître et de se diversifier, le renforcement de l’attractivité de ces métiers est un véritable défi pour l’avenir ! Quelles sont les caractéristiques des métiers de l’aide et des soins ? Quelles sont les pistes d’actions et recommandations pour développer l’emploi dans ce secteur ? Une étude, réalisée par l’UNIPSO avec le soutien du Fonds Daniël De Coninck de la Fondation Roi Baudouin, fait le point sur ces questions. Elle a été présentée lors d’un webinaire organisé par le CESE Wallonie le 25 février 2022. En voici les principaux éléments.
La question des métiers de l’aide aux personnes est au cœur des préoccupations du CESE Wallonie depuis de nombreuses années. Ainsi, en janvier 2019, le Conseil organisait un séminaire qui avait permis d’aborder plusieurs aspects de cette thématique, dont l’évolution des métiers et de la main-d’œuvre disponible ainsi que la nécessité de valoriser ces métiers. Dans le prolongement de cet événement, l’Union des entreprises à profit social (UNIPSO) a réalisé, avec le soutien du Fonds Daniël De Coninck (géré par la FRB), une étude intitulée « Aide et soins à domicile : quel avenir pour l’emploi ? ». L’objectif était de faire le point sur les difficultés et les enjeux du recrutement et de la fidélisation, tout en proposant des pistes d’actions visant à améliorer l’attractivité de ces professions essentielles. Pour mener à bien cette étude, une large consultation a été menée auprès des membres de l’UNIPSO. L’analyse a porté sur 6 métiers : aide familial.e, garde à domicile, aide ménager.e social.e, assistant.e social.e, infirmier.e, aide-soignant.e. Au total, plus 1.300 professionnels, des étudiants et des employeurs (tant du secteur à profit social que du secteur public) ont pris part à cette enquête réalisée en 2020.
Au terme de l’analyse, un portrait des métiers de l’aide et des soins a pu être dressé et des constats posés en termes d’attractivité, de formation, de recrutement et de fidélisation du personnel. De manière générale, les professions de l’aide et des soins à domicile présentent un grand nombre d’atouts : il s’agit de métiers dont la société ne peut se passer, porteurs de sens, gratifiants, variés et laissant place à une grande autonomie. La vocation est importante et le marché de l’emploi est en plein essor. Mais ce sont aussi des métiers sous tension. Le manque de reconnaissance et de valorisation, la pénibilité physique et psychologique, les horaires et les salaires sont pointés du doigt par de nombreux professionnels. Les difficultés de recrutement, empêchant de faire face aux besoins croissants, ou encore l’inadéquation entre la réalité de terrain et les formations, sont également relevées.
Au-delà des constats, l’étude de l’UNIPSO avance des pistes d’actions et des recommandations dans 7 domaines :
1. La communication et la valorisation du secteur et des métiers
Il s’agit de développer une communication positive et valorisante sur le secteur, mais aussi de communiquer de façon différente, en mettant l’accent sur la prise en charge globale des personnes ainsi que sur le sens apporté par ces métiers.
2. La gestion des ressources humaines
C’est l’amélioration des conditions de travail qui est visée ici : il convient notamment de limiter la charge mentale et d’éviter la pénibilité physique, de développer l’encadrement et le tutorat, et enfin, de donner des perspectives d’évolution de carrière.
3. La formation
Il faut adapter les formations et les profils des métiers aux évolutions de la société, des techniques et des besoins des bénéficiaires.
4. La collaboration interprofessionnelle, intersectorielle et multipartenariale
Cet axe demande de travailler à la reconnaissance de tous les métiers de l’aide et des soins, de favoriser la collaboration entre les différents métiers et de développer leur complémentarité. La création d’un portail commun d’information et de diffusion des offres d’emploi est préconisée.
5. La réglementation et la vision politique
Il s’agit de développer une nouvelle approche politique du secteur, favorisant des mesures concrètes de transition entre le domicile et les secteurs résidentiels. Plusieurs mesures concrètes sont liées à cet axe : statut pour les aides ménager.e.s social.e.s, révision des normes d’accès à la profession, amélioration des normes et mesure d’encadrement des prestataires et des stagiaires, financement, lutte contre «l’ubérisation » des métiers du domicile, …
6. L’innovation
Il importe d’innover pour promouvoir de nouvelles façons de travailler et pour soutenir des innovations professionnelles permettant l’amélioration des conditions de travail.
7. Les données
Il y a lieu de coordonner la collecte des données entre administration et opérateurs, afin de permettre un pilotage des politiques publiques, d’objectiver les problèmes d’attractivité et d’apporter des solutions dans le cadre des politiques de santé et d’action sociale.
L’UNIPSO a consigné les enseignements intersectoriels de cette étude et a rédigé un Guide méthodologique permettant d’analyser l’attractivité des métiers d’autres secteurs.
Le 25 février 2022, le CESE Wallonie a organisé, en collaboration étroite avec l’UNIPSO et la Fondation Roi Baudouin (FRB), un webinaire sur l’attractivité des métiers du secteur de l’aide et des soins. Les présentations powerpoint ainsi que le lien pour accéder à l’enregistrement sont disponibles en cliquant ici.
Pour lire l’étude « Aide et soins à domicile : quel avenir pour l’emploi ? »